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Les intérêts de la conservation de la garrigue

Au-delà du simple espace de pâturage, la garrigue, c’est aussi une importante biodiversité végétale aux fonctions et services écosystémiques réels. Le devenir de ce paysage est suspendu à la façon dont l’espace territorial s’organisera dans les années à venir, à moins que le changement climatique ne vienne bouleverser l’équilibre.
 

La biodiversité et enjeux de la garrigue [13,21-25]

 
La garrigue peut apparaître dans les séries du chêne vert et de la chênaie mixte (cf. Fig.7). Elle n’a pas qu’un seul visage, selon les espèces présentes en majorité, on parlera plutôt de garrigue à ciste ou de garrigue à romarin … On compte parmi cette biodiversité végétale, de nombreuses espèces rares qui font la richesse patrimoniale de cet environnement (ex : Gagea foliosa, Orchis fragans, Tulipa sylvestris, ou encore Jasonia tuberosa qui ne pousse que dans la garrigue[22]). Les données de la Coordination de l’Information sur l’Environnement (CORINE) listent au-delà d’une typologie d’habitat, une multitude de biotopes de garrigues. La garrigue a des fonctions primordiales: elle participe en limitant l’érosion sol, à la mise en place d’un sol plus riche. Elle constitue surtout une variété d’habitats pour la faune, ainsi elle est le berceau d’une biodiversité animale importante (surtout entomologique[25]). Elle permet aussi le développement du petit gibier et ce terrain ouvert constitue un terrain de chasse idéal pour de nombreux rapaces (notamment l’Aigle de Bonneli en voie de disparition). C’est un corridor écologique important. Outre des zones de pâturage, la garrigue est pour l’homme un espace de récréation, une source d’aliments (espèces aromatiques), un paysage culturel, une zone tampon pour contrer la progression des incendies. La connaissance du milieu et des espèces présentent sur le territoire des garrigues semble être un prérequis pour adopter les mesures nécessaires à leur protection. Depuis 1992, des campagnes de recensement délimitent des territoires présentant des éléments rares, remarquables, protégés ou menacés du patrimoine naturel (faune, flore et habitats naturels) : les ZNIEFF (cf. Fig.12).

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    Le constat actuel et les prévisions en terme d’urbanisation [11,20, 24, 26-28]

     
    La région Languedoc-Roussillon compte près de 2 587 500 habitants (INSEE, 2009). Avec l’un des flux migratoires positifs les plus importants de France, les perspectives actuelles prévoient entre 170 000 et 310 000 personnes en plus d’ici 2015. Bien que la majorité des nouveaux arrivants s’installe sur le littoral, l’arrière-pays des garrigues n’est pas épargné comme en témoigne l’évolution annuelle moyenne de la population entre 1999 et 2007 (cf. Fig.8). L’espace rural représente 94% du territoire de la région, en plus des phénomènes d’extension urbaine où l’on regroupe développements urbain et péri-urbain, on assiste à l’explosion du phénomène d’exode urbain, dit de rurbanisation. C’est un processus de retour des citadins dans des espaces qualifiés de ruraux. Ce flux est favorisé par une amélioration des voies de communications entre les agglomérations et les villages permettant ainsi aux habitants de bénéficier des services des grandes villes comme Montpellier tout en profitant d’un cadre de vie plus spacieux et plus calme. Avec l’augmentation de la démographie, se pose aujourd’hui et pour le futur, un ensemble de problèmes liés à la saturation progressive des voies urbaines, à l’insuffisance de l’offre de logements et des équipements primaires. Pour faire face à la demande, on construit des infrastructures routières (ex : Projet LIEN, achèvement en 2015 et on multiplie les zones à bâtir dans les communes (cf. Fig.9). La garrigue devient une terre à bâtir et ce n’est pas sans conséquence (cf. Fig. 10).

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    Comment préserver la Garrigue ? [11, 20-24, 26-35]

     
    Les grands dangers qui pèsent à l’heure actuelle sur la garrigue sont l’abandon du pastoralisme, le développement de la forêt et l’urbanisation. L’érosion de la biodiversité peut être abordée suivant ses trois dimensions : perte de diversité génétique, disparition et raréfaction d’espèces et dégradation d’écosystèmes (détérioration et perte d’habitats). La conservation de la garrigue ne passe pas forcément par une déforestation rapide, d’autant que la forêt a des fonctions importantes comme la régulation de la circulation d’eau, séquestration de carbone ou interception de la pollution (cf. Fig. 11). Il est souligné dans le SCOT du Pic Saint Loup que « si la fermeture des espaces pose de nombreux problèmes, la réouverture de ces espaces par l'exploitation en pose tout autant ! ».Il est intéressant de noter que les politiques de conservation de la garrigue qui passent par le développement des activités agro-pastorales se heurtent au refus d’une grande majorité des éleveurs d’être considérés aujourd’hui comme « des fonctionnaires de la garrigue » et d’être rémunérés pour les services d’entretien du paysage. Il est important pour considérer toute politique de conservation de la garrigue de prendre en compte l’ensemble des facteurs et notamment le réchauffement climatique à venir. Le GIEC prévoit, d’ici 2050, un réchauffement pendant l’été de +2,5°C au mieux (cf. Fig. 13) et de +4,6°C dans le scénario plus pessimiste (cf. Fig.14). A la même époque, il pourrait pleuvoir entre 9,2 mm et 73,6 mm d’eau en moins l’été. Le climat méso-méditerranéen actuel évoluerait vers un climat thermo-méditerranéen (actuellement dans la région de Barcelone), qui pourrait provoquer un changement de végétation à la faveur d’espèces plus thermophiles (oranger, palmier, ...). Des politiques visent à évaluer les coûts de l’impact de ce réchauffement climatique sur l’environnement et les activités anthropiques. Leur objectif est d’anticiper le phénomène pour adapter le développement de la société, et donc in fine, les politiques de conservations de la garrigue.

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    [11] Les Ecologistes de l’Euzière, 2006. Points de vue sur la garrigue - 30 panoramas du Gard et de l’Hérault. Editions Ecologistes de l’Euzière.
    [13] Durand R. 1964. La Garrigue montpelliéraine, Essai d’explication d’un paysage.
    [20] Barros V, Cluzet C, Darre I, Dore P, Gonzalez P, Ngassam N, Nikolic D, Rodriguez F, Roturier S, Vaudry R. 2006-2007. Etude Prospective pour le Plan d’Aménagement et de Développement Durable du SCoT « Pic Saint-Loup – Haute Vallée de l’Hérault ».
    [21] Les gestionnaires d’espaces naturels protégés en Languedoc-Roussillon http://www.enplr.org/spip.php?rubrique9
    [22] Znieff – Secteur du Pic Saint-Loup et montagne de l’Hortus. http://www.languedoc-roussillon.environnement.gouv.fr/asp/ficheznieff.asp?CD_ZONE=00004038
    [23] Modernisation de l’inventaire ZNIEFF Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique, Région Languedoc-Roussillon, Edition 2009-2010. http://www.languedoc-roussillon.ecologie.gouv.fr/ZNIEFF/ZNIEFF_Generalites.pdf
    [24] Les Ecologistes de l’Euzière, 2006. 2ème Colloque « Garrigue, regards croisés » http://www.expogarrigue.org/portedoc/ColloqueGarrigue2006.pdf
    [25] Orgeas J. et Ponel P. 2001. Organisation de la diversité des coléoptères en milieu méditerranéen provençal perturbé par le feu. Rev.Ecol (Terre Vie), vol. 56, 2001.
    [26] Groupement de la statistique publique en Languedoc-Roussillon, 2003. Prospective démographique et économique en Languedoc-Roussillon.
    [27] Document Régional de Développement Rural (FEADER) 2007-2013. http://agriculture.gouv.fr/sections/thematiques/europe-international/la-programmation-de-developpement-rural-2007-2013/languedoc-roussillon/downloadFile/FichierAttache_4_f0/LANG-ROUSSILLON_DRDR_V3_valid090901_cle01ff33.pdf?nocache=1254738757.47
    [28] Annexes : Communes et cartographie http://agriculture.gouv.fr/sections/thematiques/europe-international/la-programmation-de-developpement-rural-2007-2013/languedoc-roussillon/downloadFile/FichierAttache_3_f0/LANG-R3.PDF?nocache=1219321206.16
    [29] Bazile F. (Directeur de recherche au C.N.R.S.), La Garrigue avant la Garrigue, http://www.expogarrigue.org/portedoc/ColloqueGarrigue2006.pdf
    [30] Tatin, L., Dutoit, T. et Feh, C. 2000. Impact du pâturage par les chevaux de Przewalki (Equus przewalskii) sur les populations d’orthoptères du Causse Méjean (Lozère, France). Rev.Ecol (Terre Vie), vol. 55, 2000.
    [31] PAC : développement rural (FEADER) http://agriculture.gouv.fr/sections/thematiques/europe-international/la-programmation-de-developpement-rural-2007-2013
    [32] Natura 2000 en Languedoc-Roussillon http://www.languedoc-roussillon.ecologie.gouv.fr/natura2000/Nat_Exp/n%C2%B02.pdf
    [33] VIAL, C. thèse : Une analyse économique des loisirs de nature et de leurs implications territoriales : l’organisation des propriétaires d’équidés « amateurs » entre production domestique et achat de services http://www.supagro.fr/theses/extranet/09-0021_VIAL_Vdiffusion.pdf
    [34] IPCC (Intergovernmental Panel on Climat Change) Reports http://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar4/wg1/ar4-wg1-chapter11.pdf
    [35] Rapport « Evaluation du coût des impacts du changement climatique et de l’adaptation en France ». Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer